Jean-Baptiste et Henri MARSEILLE.
MARSEILLE, L’INFATIGABLE LUTTEUR DES… « ARENES SPORTIVES »
A la fin du dix-neuvième comme dans la première moitié du vingtième siècle les « Arènes sportives », dites Arènes athlétiques ou Arènes de lutte, étaient très courues. Devenues… baraques de lutte, elles poursuivirent une honorable carrière sur les foires et fêtes de province comme en région parisienne.
L’une des plus célèbres, au dix-neuvième siècle, était celle de Marseille que la presse de l’époque surnommait… « le Lion de Lapalud ». Et plus précisément Marseille le Jeune.
Les hercules les plus costauds qui se mesurèrent à lui en firent les frais ! Une vraie force de la nature qui, pendant près d’une trentaine d’années, tint le haut du pavé de la lutte foraine sur les champs de foire de France et de Navarre…
Les débuts du « Lion de Lapalud »
Ce fils d’un cultivateur de La Palud, né en 1833, s’exerçait aux jeux athlétiques avec son frère "Henri " alors qu’ils gardaient ensemble le troupeau familial.
Résultat : tous les deux devinrent d’excellents lutteurs, mais Marseille l’aîné, qui monta lui aussi une baraque, ne vint jamais à Paris, tournant essentiellement dans le Midi.
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Jean-Baptiste MARSEILLE
"Marseille le Jeune"
"le Lion de Lapalud"
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Marseille le jeune débuta à l’âge de 17 ans dans sa région natale. Dans ce qui était alors qualifié de lutte dite de demi-homme, c’est-à-dire contre des jeunes de 15 à 18 ans, discipline très en vogue dans le Sud de la France. On le vit alors triompher de ses adversaires d’Orange à Angers, de Toulouse au Mont Ventoux…
En 1853, notre jeune lutteur fut incorporé dans le 47ème de ligne qui fit partie du corps expéditionnaire envoyé en Crimée où il assista aux combats de la Tchermaïa et participa même à la prise de Malakoff.
La prise de Malakoff
Rendu -sain et sauf- à la vie civile, il n’en côtoya pas moins la mort d’assez près. Un jour notamment, lorsqu’il était de service devant Malakoff où la canonnière ennemie ne cessait d’envoyer un grêle d’obus. A un moment donné, deux de ces projectiles éclatèrent au milieu des troupes françaises et sur 7 hommes desservant une batterie, 5 furent tués. 2 s’en tirèrent. Parmi eux, Marseille le Jeune.
Après la prise de Malakoff, notre jeune lutteur obtint un congé renouvelable bien mérité et revint à La Palud pour s’y reposer. C’était compter sans sa renommée de lutteur qui fit qu’il reprit la lutte en montant à Lyon se mesurer aux meilleurs lutteurs de l’époque. Qu’il s’agisse d’Arpin le Terrible Savoyard, de Rivière dit Corps de fer, de Plantevin de Carpentras, etc.
Après Lyon, Marseille le Jeune se produisit, toujours avec succès, à Toulouse, Nantes, Brest, Nantes, Le Havre, Rouen, Nîmes … Mais la guerre d’Italie vint interrompre son succès.
En effet, il fut rappelé à son corps par le ministère de la Guerre et fit partie du détachement des troupes chargées de garder le Rhin jusqu’à la fin de la campagne, avant d’être libéré à Luxembourg où il se trouvait en garnison. A cette époque, la ville appartenait à la France.
Tournée européenne triomphale
De retour en France, Marseille le Jeune revint à Lyon. A l’Alcazar pour y poursuivre un engagement contracté avec un tourneur avant son rappel sous l’uniforme.
Après Lyon, la troupe se produisit successivement à Liège, Bruxelles, Anvers, Londres, Saint-Pétersbourg, Naples et Milan avant de retrouver la France où il fut engagé aux Grandes Arènes de la rue Le Pelletier, à Paris. Il y tomba tous les lutteurs qui se présentèrent à lui. Qu’ils fussent de France ou d’ailleurs…
Il rencontra puis épousa Mi Lou Mac, une tireuse d’arc avec laquelle il eut 7 enfants dont l’aîné, Adrien Marseille, suivit ses traces et tint une baraque de lutte très connue au début du vingtième siècle .
Paul PONS à l'établissement Adrien Marseille.
Les Arènes de... « l’Infatigable lutteur »
C’est l’époque où il décida de monter sa propre baraque – on disait alors « Arène de lutte ». Une baraque bien modeste au départ qui devint rapidement une des Arènes Athlétiques les plus courues de l’époque. Notamment à la fête à Neu-Neu où l’on pouvait lire sur une énorme banderole installée au fronton de sa baraque : « 1er champion, à Paris, des Arènes athlétiques de la rue Lepelletier et des principales villes de France ». Et là, outre le maître des lieux, bonimenteur hors pair, faisant la parade vêtu d’un « maillot de soie rose et d’un caleçon bleu aux franges d’or » comme le rappellent Christiane Py et Cécile Ferenczi dans « La fête foraine d’autrefois », on pouvait y admirer la force et le talent de champions de l’époque tel Devaux, l’hercule hollandais, ou Fau Picho, mais aussi M. Anatole dans un exercice de jonglage de poids de 40 livres, de l’escrime avec assauts, sans oublier Marseille himself tirant un char de 15 personnes !
Un compère nommé Van Dongen
Des années plus tard, son fils Adrien lui succéda sur les fêtes, toujours sous le nom de Marseille (d’ailleurs les affiches précisaient « famille Marseille ») et, anecdote savoureuse, parmi les athlètes qui passèrent dans son établissement, citons Paul PONS et le peintre Kees Van Dongen qui joua le compère devant la baraque du « roi des lutteurs », installée à la foire du Trône, à la fête des Loges et ailleurs… Un baron qui n’hésitait pas à relever les défis lancés sur l’estrade par Raoul le Boucher , Laurent le Beaucairois, et bien d’autres, pour décrocher au bout de trois ou quatre prises, spectacle assuré et public enthousiaste…
Troupe de l'arène athlétique Ambroise et Adrien Marseille.
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Henri MARSEILLE
"Marseille l'aîné"
"Le Meunier de Lapalud"
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Le frère ainé, Henri, était meunier de métier et reçut donc le surnom de « le Meunier de La-Palud ». Un jour, il décide de tout lâcher pour partir à Paris défier Joseph Arpin, lutteur connu sous le nom de Arpin le Terrible, un savoyard invaincu. Le combat eu lieu le 20 mars 1853 dans la salle Montesquieu à Paris et Marseille en fut le vainqueur.
http://www.mairie-lapalud.fr/lutte.html
Il est enterré au cimetière de Lapalud et sur sa tombe on peut lire : « Ici repose Henri Marseille dit Le Meunier de Lapalud Champion de Lutte Gréco-romaine qui par sa force et son courage a porté très loin le renom de son village. ... »
FIN